Citation de Elias Canetti

Un ennemi peut devenir très désagréable, mais il ne sera jamais aussi ennuyeux qu’un adepte.

Tout se trouve dans le journal, il suffit de le lire avec assez de haine.

Tout ce qu’on est capable de réaliser devrait conduire à vénérer des êtres meilleurs que soi.

Peu importe qu’une idée soit plus ou moins neuve: ce qui importe, c’est qu’elle le devienne.

L’ordre est plus ancien que le langage, sinon les chiens ne pourraient pas le comprendre.

Les grands mots devraient, en signe d’avertissement, commencer à siffler comme les bouilloires.

La réussite est la place qu’on occupe dans les journaux. La réussite est l’insolence d’un jour.

Je jouais en général tout seul. En fait, je jouais peu, je parlais plutôt au papier peint.

Il y a des bavards ridicules. Il y a aussi des taciturnes ridicules.

Il est embarrassant d’expliquer des réflexions: c’est comme si l’on se rétractait.

Il embrassa la dernière pensée de celle qu’il aimait et s’éteignit.

Ecrire jusqu’au moment où le bonheur d’écrire vous fait douter de votre propre malheur.

Dialogue, disent ceux qui brûlent de parler.

Au purgatoire les hommes parlent beaucoup; en enfer il se taisent.

Si chacun savait combien de personnes l’ont percé à jour.

Seul l’incrédule a droit au miracle.

S’étonner de chaque vie : est-ce cela, la compassion?

Qui n’a rien à penser recourt au dictionnaire.

Qui a trop de paroles ne peut que rester seul.

Pourquoi supportes-tu chacun? Parce qu’il dure si peu.

Personne ne connaît le cœur secret de l’horloge.

Personne n’a d’ami pour tout ce qu’il est : ce serait de la corruption.

Ne laisse pas s’écouler de jour sans signes. Quelqu’un en aura besoin.

Comment pourrais-je m’ennuyer tant que je connais des mots?

Montaigne, celui qui dit moi. «Moi» en tant qu’espace, non en tant que position.

Lire jusqu’à ne plus comprendre la moindre phrase, c’est commencer à lire.

L’esprit se nourrit du hasard, encore doit-il le saisir au vol.

Les prophètes prédisent, en se lamentant, l’histoire ancienne.

Il n’est rien que l’homme redoute davantage que le contact de l’inconnu.

Il faut se dire que les malentendus sont féconds. Il ne faut pas les mépriser.

Des superlatifs se dégage une puissance de destruction.